Comprendre l’approche stabilité résidentielle avec accompagnement (SRA)

Par Karine Projean et James McGregor, MMFIM.

Cet texte est le premier d’une série sur l’approche stabilité résidentielle avec accompagnement (SRA).

L’approche SRA ou Logement d’abord vise notamment à offrir aux personnes en situation d’itinérance un logement permanent le plus rapidement possible en leur imposant le minimum de conditions préalables et un soutien individuel selon ses besoins.

Cette approche repose sur le principe qu’il est plus facile de prendre sa vie en main si l’on est d’abord logé[1]. Ces services sont fournis par des équipes d’intervention qui incluent des professionnels de la santé et des services sociaux.

Selon Gaetz, c’est une approche axée sur le rétablissement des personnes en situation d’itinérance. Le logement vient avec des services personnalisés aux besoins de la personne et laisse la personne autonome pour prendre les décisions la concernant[2].

L’approche SRA s’est révélée être une solution clé à l’itinérance chronique, notamment aux États-Unis, en Europe et au Canada. Elle est vue comme une pratique novatrice de grande importance qui a un énorme impact sur la façon d’aborder la question de l’itinérance. À mesure que sa popularité augmente et qu’on la met en œuvre au Canada, on constate un désir croissant de comprendre son fonctionnement et les façons dont on peut l’adapter aux contextes des différentes collectivités[3].

Selon la ministre Charlebois, « La stabilité résidentielle avec accompagnement des personnes constitue une approche qui a fait ses preuves et qui est reconnue par l’ensemble des intervenants au Québec et ailleurs dans le monde. » [4]

L’approche Logement d’abord est née à New York (Pathways to Housing) dans les années 1980 en réponse à l’inefficacité de l’approche traditionnelle à l’itinérance chronique et a fait ses preuves depuis. Au Canada, la Commission de la de santé mentale du Canada[5] (CSMC) a financé une vaste étude scientifique qui a réuni plus de 1 000 participants dans cinq villes canadiennes – Chez Soi/At Home[6] qui a démontré ses bénéfices auprès de la clientèle itinérante aux prises avec des problèmes de santé mentale.

Cinq principes soutiennent cette approche[7] :

1-      L’accès immédiat à un logement sûr et permanent[8], sans prérequis, par exemple l’arrêt de la consommation;

2-      Le choix de la personne et l’autodétermination, autant pour leur logement que pour les services de soutien;

3-      L’orientation vers le rétablissement;

4-      Un soutien personnalisé et axé vers la personne;

5-      Une intégration sociale et communautaire via l’emploi et des activités vocationnelles ou récréationnelles.

Il a été conçu d’abord pour répondre à l’itinérance chronique, soit celle des personnes qui sont à la rue depuis longtemps[9], non celle situationnelle ou cachée; dans ces cas, un relogement rapide, sans soutien lourd, peut être plus approprié[10].

Le Logement d’abord est adaptable selon les milieux, par exemple avec des logements sur le marché locatif privé ou des logements sociaux. Le modèle s’adresse autant aux hommes qu’aux femmes, jeunes et âgés et personnes issues des Premières Nations.

Enfin, il importe de souligner que l’approche SRA n’est pas l’unique solution à l’itinérance. Il doit plutôt être perçu comme un outil complémentaire aux autres dispositifs de logement adapté aux besoins de certaines personnes issues de l’itinérance chronique, lequel favorise leur intégration au sein de la communauté à titre de citoyen à part entière.

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[1] L’approche Logement d’abord au Canada : Appuyer les communautés pour mettre fin à l’itinérance, aperçue de l’approche Logement d’abord par Stephen Gaetz, 2013 Canadian Homelessness Research Network Press http://rondpointdelitinerance.ca/sites/default/files/HFCanada-FrameworkFR.pdf

[2] http://www.housingfirsttoolkit.ca/fr/aper%C3%A7u

[3] Ibid.

[4] http://www.fil-information.gouv.qc.ca/Pages/Article.aspx?idArticle=2303198044

[5] http://www.mentalhealthcommission.ca/Francais

[6] http://www.mentalhealthcommission.ca/Francais/media/3414

[7] http://rondpointdelitinerance.ca/solutions/logement-h%C3%A9bergement-et-soutien/logement-dabord?_ga=1.146091958.340414321.1479995174

[8] Au Québec, on précise le principe de « permanence » comme suit : Attribuer des droits et obligations propres aux locataires (http://www.msss.gouv.qc.ca/sujets/prob_sociaux/itinerance/docs/Entente-Canada-Quebec_SPLI_14-19_finale.pdf, p.A-1)

[9] http://sante.gouv.qc.ca/problemes-de-sante/itinerance/

[10] http://homelesshub.ca/solutions/housing/rapid-re-housing

 

 

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