Opinion – Continuons de travailler ensemble -Conférence nationale pour mettre fin à l’itinérance
« L’espérance de vie des personnes itinérantes au Canada est réduite de 50% par rapport à la population générale. » Dr. Sandy Buchman, président de l’Association médicale canadienne.
C’est un des constats partagés avec les 1 500 personnes réunies dans le cadre de la septième conférence annuelle organisée par l’Alliance canadienne pour mettre fin à l’itinérance et tenue du 4 au 6 novembre 2019 à Edmonton.
Ces participants de toutes les provinces et territoires du Canada, des États-Unis, d’Australie et d’Europe, se sont penchés sur une très grande crise sociale de notre temps, l’itinérance. Il y avait aussi 150 délégués présents ayant un vécu de l’itinérance.
En tant que nouvelle directrice générale du Mouvement pour mettre fin à l’itinérance (MMFIM), je tenais à y participer pour en apprendre le plus possible sur ce qui se fait ailleurs. J’y ai d’ailleurs appris que le lourd historique d’abus des écoles résidentielles contribue à ce que près du tiers des itinérants à l’échelle du Canada soit composé d’autochtones.
Il y a cependant des bonnes nouvelles. Les communautés à travers le Canada se mobilisent. Les chercheurs, les politiciens, les intervenants, les organismes, la justice et plus encore se rassemblent pour identifier, promouvoir et élaborer des solutions propres à leur communauté selon des approches éprouvées. Ces approches visent à d’abord offrir un logement aux personnes itinérantes puis un soutien approprié par la suite et ce, sans jugement et surtout, sans contraintes. De plus, elles sont basées sur des données bien établies qui démontrent des résultats mesurables. Partout au Canada ainsi que dans d’autres pays des projets qui offrent une stabilité résidentielle avec soutien se mettent en place.
Dans plusieurs villes, comme celle d’Edmonton, l’on commence à voir les résultats tangibles de ces efforts. À titre d’exemple, la Ville d’Edmonton a réussi à diminuer l’itinérance de près de 50% dans les dernières années.
Le maire d’Edmonton, Donald Iveson, lorsqu’il a abordé l’auditoire, a déclaré que la volonté politique pouvait changer le portrait de l’itinérance d’ici les dix prochaines années. En effet, nous savons tous ce qu’il faut faire pour y parvenir : nous devons offrir aux personnes en situation d’itinérance une réintégration dans nos communautés, un accès rapide à un logement salubre et abordable et le soutien qui s’impose pour s’assurer que cette nouvelle réalité soit durable. Cette volonté doit être accompagnée d’investissements à la hauteur des besoins. De plus, comme le disait la Docteure Alina Turner de Turner Strategies lors d’un atelier abordant la planification des systèmes et l’impact collectif, il peut s’avérer nécessaire d’étudier l’ensemble des investissements d’une communauté et même parfois de les réallouer pour atteindre les objectifs souhaités.
Avec le soutien financier de la Ville de Montréal et du Gouvernement fédéral, le MMFIM a mis en place depuis 2017 un tableau de bord qui fait état des efforts en logement de ses organismes membres. Depuis les dernières années, avec les efforts concertés d’un nombre imposants d’organismes et de partenaires, 1 535 personnes en situation d’itinérance ont été logées à Montréal. Continuons!
L’annonce de la mise sur pied d’un fonds de 5.5 Millions de dollars par le Ministère de la santé et de la Ville de Montréal pour lutter contre l’itinérance cette semaine est aussi une bonne nouvelle. Ce fonds tient compte de besoins identifiés à Montréal et tient compte également des groupes les plus vulnérables en situation d’itinérance, soit les femmes et plus particulièrement les femmes inuites.
Il reste encore beaucoup de travail à faire à Montréal. Mon plus vif espoir après avoir entendu des témoignages émouvants tout au long de cette conférence est que nous puissions tous travailler ensemble pour mettre sur pied davantage de projets de logements destinés aux personnes issues de l’itinérance. J’espère aussi que nous aurons le reflexe de nous informer sur ce qui se fait ailleurs et de nous en inspirer tout en partageant nos meilleures pratiques afin de réaliser de réelles réductions d’itinérance à Montréal.
Michèle Chappaz, directrice générale du Mouvement pour mettre fin à l’itinérance à Montréal.