L’enquête complémentaire de l’itinérance : les faits saillants

La semaine passée, la Ville de Montréal a rendu publics les résultats de l’enquête complémentaire de l’itinérance.

« Nous disposons maintenant d’un meilleur portrait de l’itinérance à Montréal. Ainsi, le dénombrement nous a permis de chiffrer le phénomène, alors que l’enquête complémentaire nous a aidés à mieux comprendre le renouvellement de la population en situation d’itinérance et le phénomène de l’itinérance épisodique ». Le maire de Montréal Denis Coderre

L’enquête, réalisée à l’été 2015 auprès de 1066 personnes en situation d’itinérance, avait deux objectifs principaux :

  1. Recueillir des informations plus détaillées sur certaines populations spécifiques : les femmes, les personnes autochtones, les jeunes.
  2. Mieux comprendre les personnes qui sont arrivées à Montréal depuis le 24 mars (la date du dénombrement).

Il est important de souligner que l’enquête complémentaire ne vise pas à compter ou à dénombrer les personnes en situation d’itinérance, mais plutôt à mieux comprendre le profil des personnes en situation d’itinérance à Montréal.

Ensemble, l’enquête complémentaire et le dénombrement ont permis de dresser un meilleur portrait de l’itinérance à Montréal. Cet article, tiré du rapport final de l’enquête, vise à présenter les faits saillants de l’enquête complémentaire.

Résultats généraux :

  • L’enquête était réalisée auprès de 1066 personnes en situation d’itinérance. 84 % des répondants ont indiqué habiter sur l’île de Montréal. Une minorité parmi les répondants – 170 personnes – est arrivée à Montréal depuis le 24 mars.
  • L’enquête complémentaire a inclus une question sur l’orientation sexuelle. 11 % des répondants ont indiqué avoir une orientation homosexuelle ou bisexuelle. Ce pourcentage est nettement plus élevé que dans la population générale (3 %). À Toronto, 9 % des répondants ont indiqué avoir une orientation homosexuelle ou bisexuelle lors du dernier dénombrement, en 2013.

Résultats (jeunes) :

  • Un tiers des jeunes de 30 ans et moins mentionne avoir passé plus de 6 mois dans un centre jeunesse.
  • Environ 429 personnes avaient passé la nuit du 24 mars dans des lieux extérieurs. De cette population, les personnes ayant 30 ans et moins sont plus nombreuses (que les personnes qui étaient demeurées dans d’autres types de lieux) à être passées par des centres de jeunesse.
    • Ces personnes ayant moins de 30 ans sont aussi moins susceptibles d’avoir pris des médicaments pour des troubles mentaux, et plus susceptibles d’avoir un problème de consommation (jeu, alcool, drogues).

Résultats (femmes) :

  • Les femmes évoquent plus souvent que les hommes des problèmes financiers (64 % vs 55 %), des problèmes relationnels (17 % vs 5 %) et des problèmes de santé mentale (20 % vs 10 %) comme des obstacles à se trouver un logement.
    • En contrepartie, elles mentionnent plus souvent que le fait d’avoir plus d’argent de l’aide sociale (38 % vs 30 %), une subvention au loyer (32 % vs 18 %), de l’aide à trouver un logement abordable (36 % vs 22 %), de l’aide au niveau de la santé mentale (12 % vs 5 %) ou l’accès à un logement sécuritaire (16% vs 4%) les aiderait à trouver un logement.
  • Elles rapportent s’être fait prescrire des médicaments pour un trouble dépressif majeur ou des troubles anxieux beaucoup plus souvent que les hommes (33 % vs 16 %, 32 % vs 17 %).

Résultats (les Autochtones) :

  • Les Autochtones sont fortement représentés dans des lieux extérieurs (22 %), moins dans les refuges (8 %) et les logements transitoires (7 %).
  • Ils utilisent plus souvent des centres de jour (84 % vs 57 %) et vont plus souvent à l’urgence ou sont hospitalisés pour des raisons de santé physique (56 % vs 44 %), mais ont moins souvent recours à des services de santé mentale (10 % vs 18 %).
  • Ils sont plus susceptibles d’avoir des contacts avec la police (45 % vs 31 %) et des travailleurs de rue (41 % vs 24 %).
  • Le quart d’entre eux (25 %) désigne la discrimination de la part des propriétaires comme étant un obstacle à se trouver un logement, nettement plus que les non-Autochtones (13 %).

Les obstacles à se trouver un logement :

L’enquête complémentaire a révélé que la plupart des personnes en situation d’itinérance mentionnent soit un problème financier en général ou un mauvais crédit (ou les deux) comme étant un obstacle important à se trouver un logement. Les facteurs financiers représentent alors l’obstacle à se trouver un logement le plus courant; cela dit, il y a beaucoup d’autres obstacles de natures très différentes, tels que la discrimination (particulièrement pour les personnes autochtones), les problèmes relationnels, le manque de soins de santé physique ou mentale, etc.

Méthodologie :

  • Le questionnaire était composé de 37 questions (le questionnaire du dénombrement du 24 mars avait juste 15 questions), notamment des questions sur l’état de santé physique et mentale (auto-rapporté), les problèmes de jeu/consommation, les services reçus (les 10 derniers mois), les données démographiques, l’orientation sexuelle et l’historique de l’itinérance

Les agents de recherche ont visité les mêmes lieux extérieurs, les plupart des organismes et des endroits publics que lors du dénombrement du 24 mars. L’équipe a aussi visité plusieurs parcs qui n’avaient pas été visités lors du dénombrement.

La définition de l’itinérance utilisée lors de l’enquête complémentaire était la même que celle qui a été utilisée lors du dénombrement du 24 mars : la définition du Réseau canadien de recherche sur l’itinérance.

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