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La lutte contre l’itinérance à Calgary

En 2007, Calgary est devenue la première grande ville canadienne à s’engager à mettre fin à l’itinérance. Un plan ambitieux, lancé par le Calgary Homeless Foundation (CHF) en 2008, a établi des objectifs et stratégies qui mèneraient à l’élimination de l’itinérance par 2018. Depuis 2008, il y a eu plusieurs changements au plan original; une version mise à jour a été lancée en 2011 et encore une autre lancée en 2015. Cet article résume le contenu des plans et surligne ces changements.

Le plan original de 2008 contient 12 principes directeurs, 5 stratégies, 20 objectifs, et 7 milestones ou marqueurs du succès. Les principes directeurs sont toujours restés les mêmes dans les trois itérations du plan. Par exemple, le plan de 2015, comme les plans de 2008 et 2011, continue de reconnaître l’importance de la recherche et les données sur la population en situation d’itinérance. Les autres éléments, cependant, ont beaucoup changé.

Le plan original était audacieux non seulement dans l’objectif global de mettre fin à l’itinérance, mais aussi dans ces objectifs à courte durée. En ce qui concerne le dernier, le plan de 2008 a promis:

  • de fermer 85 % des lits dans les refuges d’urgence d’ici 2018, dont la moitié d’ici 2015,
  • d’éliminer l’itinérance chez les familles en deux ans (pour 2010)
  • et d’éliminer totalement l’itinérance chronique d’ici 2018.

Dans le nouveau plan de 2015, les milestones furent effectivement éliminés. On a justifié cette modification en stipulant que le premier plan fût fondé sur certaines suppositions incorrectes concernant la population en situation d’itinérance et aussi sur les données incomplètes qui étaient disponibles à l’époque. Après six années de mise en œuvre, le CHF a des données plus fiables, grâce au système de gestion de l’information sur l’itinérance, et comprend mieux la population qui se trouve en situation d’itinérance.

Certaines suppositions originales étaient correctes, il est noté dans le plus nouveau plan, mais la Fondation admet qu’on avait eu tort de penser qu’il était possible d’éliminer la plupart des lits dans les refuges.

« Le plus notable était notre échec à reconnaître le rôle essentiel des refuges dans le système qui fournit des services auprès des personnes en situation d’itinérance » (CHF, 2015)

Selon le CHF, la grande majorité (84 %) des personnes qui utilisent un refuge d’urgence y reste pour moins de 2 semaines, et les refuges sont des ressources incontournables pour eux.

Considérant les nouvelles données et les nouvelles connaissances sur la population en situation d’itinérance, le plan de 2015 propose de transformer les milestones de 2008 en « indicateurs ». Autrement dit, les milestones ne devraient pas être vus comme des cibles fixes, mais plutôt comme des indications de changements apportés par le plan.

Un autre changement important entre les plans de 2008 et 2015 est l’accent sur les « conditions pour le succès » dans le plan le plus récent. Les conditions sont claires et exigeantes et impliquent plusieurs partenaires y compris le gouvernement, le secteur privé et les organismes à but non lucratif. Par exemple, le plan soutient que certains secteurs clés tels que le système d’aide sociale à l’enfant, la santé, les services humains, la justice, l’éducation, le développement économique et la réduction de la pauvreté doivent tous travailler ensemble de façon intégrée et coordonnée pour mettre fin à l’itinérance. Le plan responsabilise aussi le secteur privé en insistant sur le fait que le secteur doit contribuer au parc du logement abordable.

Le coût du nouveau plan est sérieux : il commande 290 $ millions en nouveaux investissements entre 2015 et 2018. Une partie des fonds devraient provenir de « la communauté », mais la plupart sera issu des coffres du gouvernement provincial.

 

alison-smithAlison Smith est candidate au doctorat à l’Université de Montréal.

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